Dimanche 7 mai 2023
Cinquième dimanche de Pâques - Année A
Nous, pierres vivantes ?
Vivre le temps de l’Église, le temps de la mission, le temps où, sans voir le Christ de nos yeux de chair, nous nous laissons guider par l’Esprit Saint sur le chemin de l’Évangile.
Pour lancer notre marcher ensemble en tant qu’Église, Jésus nous invite d’abord à la confiance. « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi » (Jn 14,1).
Retrouver le Christ, le mettre au centre de nos vies, laisser l’Esprit nous redire la Vérité et nous redonner la Vie, voilà où commence le chemin de la mission de l’Église. Voilà où commence le chemin de notre mission.
Depuis quatre semaines, nous sommes plongés dans la joie du mystère de Pâques. Au cours des trois premiers dimanches des cinquante jours du temps pascal, nous avons été témoins de la manière dont les disciples ont pris conscience de la réalité de la résurrection. Le jour de Pâques, avec Marie de Magdala, Pierre et le disciple bien-aimé, nous avons découvert le tombeau vide et nous avons été invités à croire. Le dimanche de la miséricorde, le Christ ressuscité a confié une mission à son Église et s’est montré vivant à Thomas. Au troisième dimanche, nous avons repris la route d’Emmaüs, où Jésus a rendu nos cœurs brûlants pour annoncer son Évangile. Dimanche dernier, Jésus s’est révélé comme le Bon Pasteur, le vrai berger, qui appelle ses brebis « chacune par son nom, et [les] fait sortir » (Jn 10,3).
Nous sommes entrés cette semaine dans la seconde moitié du temps pascal. Dans les pages d’Évangile que nous lirons d’ici la Pentecôte, Jésus nous préparera le cœur pour vivre le temps de l’Église, le temps de la mission, le temps où, sans voir le Christ de nos yeux de chair, nous nous laissons guider par l’Esprit Saint sur le chemin de l’Évangile.
Pour lancer notre marcher ensemble en tant qu’Église, Jésus nous invite d’abord à la confiance. « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi » (Jn 14,1). Par les temps qui courent, nous avons bien besoin de cette parole de réconfort qui veut susciter l’espérance en nos cœurs. Pensons d’abord aux changements climatiques qui nous affligent plus vite et plus fort que nous n’avions prévu. Plusieurs d’entre nous sont des sinistrés des inondations ce dimanche. D’autres frères et sœurs chrétiens sont toujours victime d’une situation de guerre dans leur propre famille. Un peu partout dans le monde, l’inflation galopante pousse certaines familles jusqu’à leurs dernières ressources. Nous sommes appelés à choisir entre le bouleversement et la foi.
Choisir la foi et l’espérance signifie d’abord contempler en nos cœurs le fait que Jésus ressuscité est toujours à l’œuvre. Il construit pour nous et avec nous une demeure. « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi » (Jn 14,2-3).
Mais il n’y a pas qu’au ciel que Jésus et son Père sont à l’œuvre. Jésus ressuscité, nous dit saint Pierre dans la deuxième lecture, « est la pierre vivante rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu » (1 P 2,4). Il est « une pierre angulaire, une pierre choisie et de grande valeur » (2,6). « Car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ; et la pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même. En lui, toute la construction s’élève harmonieusement pour devenir un temple saint dans le Seigneur » (Ep 2,20-21).
Or, nous sommes appelés à être ses collaborateurs dans la construction du Royaume et de l’Église. « Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus Christ » (1 P 2,5). « En lui, vous êtes, vous aussi, les éléments d’une même construction pour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit Saint » (Ep 2,22).
Telle est notre vocation de baptisés, notre mission de chrétiens/chrétiennes. Mais il n’est pas facile de s’engager dans cette mission. Il n’est pas facile de construire aujourd’hui l’Église de demain. Pourtant, Jésus nous redit comme il l’a dit à ses premiers disciples : « Pour aller où je vais, vous savez le chemin » (Jn 14,4).
Mais, comme Thomas et les premiers disciples, nous pourrions lui répondre aujourd’hui : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » (Jn 14,5). En effet, nous ne savons trop que faire pour revitaliser nos communautés, pour évangéliser les générations qui montent, pour annoncer la Bonne Nouvelle du Christ Ressuscité à celles et ceux qui ont pris leurs distances par rapport à l’Église.
Avant de mettre sur pied une stratégie apostolique, il importe que chacun et chacune des disciples que nous sommes se recentre sur le Christ. N’est-ce pas le sens de la réponse à Thomas, notre jumeau : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu » (Jn 14,6-7).
Retrouver le Christ, le mettre au centre de nos vies, laisser l’Esprit nous redire la Vérité et nous redonner la Vie, voilà où commence le chemin de la mission de l’Église. Voilà où commence le chemin de notre mission. « Croyez-moi[, dit Jésus] : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père » (Jn 14,11-12).
En ce cinquième dimanche de Pâques, osons recentrer notre vie sur le Christ. Il est, lui, « le Chemin, la Vérité et la Vie ». À cause de cela rayonnons d’espérance et, dans l’amour témoignons de notre foi à toutes celles et toutes ceux qui croiseront nos routes. Avec eux nous marcherons vers la maison du Père où Jésus est entré pour nous préparer une place.
Comme nous l’a rappelé Pierre dans la deuxième lecture : « vous, vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 P 2,9). Osons annoncer les merveilles de l’Évangile du Christ ressuscité. Ainsi nous ferons briller la lumière de notre foi dans les ténèbres de notre monde.
+ Yvan Mathieu, s.m.